Seul mais connecté

Seul, oui. Mais toujours connecté. Assis face au PC, face aux ondes du lac, je suis là, sans vraiment l’être, relié au monde par un élastique invisible. Plus je m’éloigne, plus il me ramène. Chaque lieu appelle à la solitude. Mais l’horizon résonne, empli de réseaux chuchotant sans fin leurs notifications.

À l’époque de Thoreau, l’éloignement avait une autre dimension, une distance sans technique. Même proche de Concord, il se retirait pour observer, pour ouvrir un espace où l’esprit prend ses aises. Il s’agissait moins de fuir la société que de se tenir à distance, pour mieux en saisir les contours.

Aujourd’hui, peu importe où l’on est, la technologie abolit les distances, et la société s’invite sans qu’on l’appelle. Bien sûr, je pourrais couper l’élastique qui me ramène sans cesse à elle. Mais cet acte s’apparente à un saut dans l’inconnu à une époque où la connexion est devenue norme.

Alors, suis-je libre ou attaché ? La question s’infiltre dans chaque recoin de ma cabane connectée. Entre la nature qui m’entoure et la connexion qui m’enlace, où s’arrête l’indépendance, où commence la dépendance ?

Observer sans disparaître

Thoreau n’était ni un ermite, ni un survivaliste. Il se rendait régulièrement à Concord pour y accomplir quelques petits travaux, suffisants pour lui assurer le minimum nécessaire à sa subsistance. Son objectif n’était pas de s’isoler totalement, mais de réduire ses besoins à l’essentiel.

Sa retraite à Walden n’était pas une rupture complète, mais un retrait mesuré. Il y prenait suffisamment de hauteur pour observer la société, et mesurer l’écart entre elle et lui. Disons qu’il s’agissait davantage d’une retraite mentale que géographique.

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La cabane connectée

Si Thoreau avait une cabane faite de planches, la mienne est montée sur quatre roues. J’ai choisi de l’installer pour quelques jours face au lac de l’Eau d’Heure. Dans mes quelques mètres carrés, je n’ai aucun voisin – quelques promeneurs, tout au plus. La société n’est pas à des dizaines de kilomètres, mais ici, la solitude est possible. Je peux m’immerger dans ce silence, ou bien… me connecter.

Quelle différence cela fait-il, d’être ici ou ailleurs? Seul ou entouré? Il me suffit d’activer la 4G ou mon antenne Starlink pour revenir au monde bien plus vite que je n’en suis parti.

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